Que penser du ramadan ?

En France, le ramadan a commencé cette année le lundi 6 mai. Cette pratique comporte quelques énigmes.
– Il m’est arrivé de jeûner, parfois plusieurs jours, mais je me suis toujours hydraté. Ajouter le jeûne d’eau au jeûne de nourriture, surtout dans les mois d’été, me paraît particulièrement difficile.
– Un élément fondamental pour la santé est la rupture du jeûne qui doit être progressive. Il faut commencer par se réhydrater, puis prendre un repas léger. Dans les pays musulmans, la rupture du jeûne est souvent l’occasion de fêtes, à grand renfort de pâtisseries, ce qui provoque des pics de diabète pour les personnes sensibles.
– Selon les règles religieuses, le jeûne n’est prescrit qu’à partir de la puberté, mais on voit des enfants jeûner de plus en plus tôt. Les principaux de collège sont confrontés à la gestion des enfants qui ne déjeunent pas à la cantine dès les premières années de collège.
Pour comprendre le ramadan, il faut remonter à ses origines. Au commencement de la vie du Prophète, il avait adopté le jeûne pratiqué par les juifs. Lorsqu’il voulut se démarquer des autres religions, il institua un jeûne plus sévère que les pratiques juives ou le carême chrétien afin de montrer la profondeur de son engagement.
Le ramadan est un marqueur identitaire. Le spécialiste de psychologie sociale Léon Festinger a créé le concept de dissonance cognitive pour analyser les contradictions entre des émotions ou des pratiques, ici la contradiction entre le désir de manger et le souhait d’être fidèle à sa tradition. Il a montré que nous accordons plus de valeur à ce qui nous coûte le plus. En termes religieux, plus une religion est exigeante, plus on lui est attaché. Ce critère s’observe aussi dans le protestantisme.
Ce dernier point permet de comprendre pourquoi de jeunes musulmans jeûnent de plus en plus tôt dans notre pays. Par cette pratique exigeante, ils se montrent à eux-mêmes et aux autres qu’ils peuvent le faire, ce qui leur permet de cultiver une fierté qui ne leur est pas toujours accordée par la société.
Spirituellement, le jeûne est un rite qui a de vraies vertus.
– Il cultive la dignité du sujet en lui rappelant que l’homme ne se nourrira pas de pain seulement.
– Il conduit à penser plus souvent à Dieu. Le mois de ramadan est un mois de conversion, de retour vers l’essentiel.
– Il cultive la solidarité avec ceux qui sont dans la précarité. Le ramadan est accompagné d’une pratique de l’aumône.
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus a critiqué ceux qui jeûnaient pour se faire bien voir des autres (Mt 6.16-18) et il a critiqué les rites qui avaient gardé les obligations, mais qui avaient oublié le sens qui les fondait. En même temps, il a jeûné et il a voulu retrouver le sens des rites (Mt 23.23).
Il y a des bons et des mauvais ramadans comme il y a de bonnes et de mauvaises raisons d’être protestants, des bonnes et de mauvaises pratiques dans toutes les religions.
Nous pouvons profiter de ce mois pour penser à nos amis musulmans, et pourquoi pas, les interroger sur leur pratique du jeûne afin de mieux les connaître et mieux les comprendre.