Kippour

Mardi et mercredi prochain, nos amis juifs célébreront Kippour.

Campus protestant poursuit sa collaboration avec Akadem, pour diffuser des vidéos communes sur des dialogues que j’ai entrepris avec le rabbin Olivier Kaufmann – directeur du séminaire israélite de France – sur les fêtes juives[1].

Dans la Bible, un livre évoque Kippour, c’est l’épître aux Hébreux qui relit la croix à la lumière de cette fête.

Pour entendre le raisonnement de l’auteur de cette épître, il faut se souvenir que symboliquement à Roch Hachana Dieu se tient sur le trône du jugement pour juger les actions de l’année écoulée. Pendant la période de dix jours qui sépare les deux fêtes, les fidèles sont invités à la repentance et à la réparation, et le jour de Kippour Dieu descend de son trône du jugement pour monter sur le trône du pardon.

Kippour est la fête du grand pardon qui était au temps de Jésus manifesté par un sacrifice. Pour que le sacrifice soit parfait, il fallait que le sacrifiant soit en état de pureté parfaite et que l’animal sacrifié soit sans tâche.

L’auteur de l’épître aux Hébreux évoque ce sacrifice en ajoutant que, puisqu’il n’était jamais parfait à 100%, il devait être renouvelé tous les ans. Il ajoute qu’à la croix, le sacrifice parfait a été offert puisque Jésus est à la fois le sacrificateur et l’agneau sans tâche. Il n’a donc pas besoin d’être renouvelé.

L’épître aux Hébreux relit la mort du Christ à la lumière du sacrifice, mais pour dire qu’elle correspond aussi à la fin des sacrifices. En Jésus-Christ, Dieu s’est définitivement assis sur le trône du pardon. Le vocabulaire sacrificiel est un langage, commun à cette époque, au service d’un message : Dieu est pardon et rien ne peut le faire quitter ce trône puisqu’il repose sur un acte qui a été posé. Même Dieu ne peut pas faire que le Christ ne soit pas mort, même Dieu ne peut revenir sur son pardon.

Cette parole est immense. C’est à partir de cette annonce que Luther a reconstruit toute sa théologie. Elle est résumée par le verset de l’épître aux Colossiens qui dit à propos du Christ : « Il vous a maintenant réconciliés, par la mort, dans son corps de chair, pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche[2]. »

Depuis le grand Kippour du Golgotha, je suis saint, sans défaut et sans reproche devant Dieu. Il ne me reste plus qu’à devenir ce que je suis, ce qui est tout l’enjeu et le combat d’une vie de foi.

[1] https://www.youtube.com/watch?v=S5xnxZTWQkQ

[2] Col 1.22.