Pendant longtemps, j’ai cru que le monde d’après serait peu différent de celui d’avant et puis des petits signes me font penser le contraire.
L’Europe est à la recherche d’un compromis qui, s’il est trouvé, mettra en avant un changement à 180 degrés dans le rapport à la dette. Alors qu’on ne parlait que de résorption des déficits, on ouvre grandes les lignes de crédit alors qu’on n’a aucune idée de la façon dont la dette sera remboursée si elle l’est un jour.
La période de confinement a fait comprendre à beaucoup de monde qu’ils vivaient comme des fous et que les moyens de communication permettaient d’imaginer le rapport au travail autrement. Les agences immobilières disent que les maisons dans un rayon de trois cents kilomètres autour de Paris s’arrachent.
Air France ne se remettra pas de cette crise sans être puissamment soutenue par l’État. Jusqu’où le fera-t-il ? La Sncf s’inquiète de la chute des trajets professionnels suite à l’expérimentation de nouveaux moyens de communication.
La victoire des listes écologiques aux municipales est le signe que les électeurs sont prêts à essayer autre chose. Ils sentent bien que les recettes d’hier ne sont plus efficaces pour aborder les questions de demain.
Chacun peut multiplier les exemples.
Que sera le monde d’après ? Celui qui prétend le savoir est un menteur, car le propre de la nouveauté est qu’elle est nouvelle, donc impossible à prévoir.
Faut-il en avoir peur ? Non, parce que la peur ne sert à rien et qu’elle n’est pas bonne conseillère. En revanche, il est urgent de ne pas se tromper de comportement. Un exemple biblique nous éclairera.
Le chapitre 24 de l’évangile de Matthieu est une apocalypse. Il parle de l’effondrement d’un monde, de faux messies et de prophètes de mensonge, de rumeurs et de bruits de guerre, de détresse et d’exils, de déluges et de catastrophes. Devant un tel bouleversement, quelle est la bonne attitude ? La fin du chapitre déclare : « Quel est donc le serviteur avisé et digne de confiance que le maître a nommé responsable de ses domestiques, pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur esclave, celui que son maître, à son arrivée, trouvera occupé de la sorte ! » (Mt 24.45-46) Donner à chacune sa nourriture ! L’extraordinaire de la situation renvoie chacun à sa tâche la plus ordinaire.
Le monde change, mais le chemin du disciple reste le même, même en temps de crise… surtout en temps de crise : « N’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne vous prenez pas pour des sages. Ne rendez à personne le mal pour le mal ; ayez à cœur de faire le bien devant tous les hommes. S’il est possible, pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. » (Rm 12.16-18)