Ce qu’il s’est passé hier, lorsque trois chaines de télévision ont interrompu la retransmission de la conférence de presse du président Trump est un évènement majeur. Imagine-t-on dans notre pays la télévision interrompre un discours du président de la République ?
Les médias ont pleinement joué leur rôle de quatrième pouvoir. Montesquieu a pensé le pouvoir dans le partage entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, chacun des ordres limitant le pouvoir des deux autres. À partir du XIXe siècle est apparue l’idée que la presse pouvait être un quatrième pouvoir. Quand la télévison interrompt un discours du président en disant : « On peut avoir des idées divergentes, mais on ne peut dire des mensonges en disant que c’est la vérité », elle joue son rôle de contrepouvoir.
Si on veut chercher une analogie biblique, dans le Premier Testament, il y a trois catégories de personnes qui sont ointes : les rois, les prêtres et les prophètes. Le roi représente le pouvoir politique, le prêtre le pouvoir religieux et le prophète le pouvoir de la parole. Mutadis mutandis, la presse joue le rôle du prophète en opposant le rappel de la vérité factuelle aux discours politiques. Le prophète est celui qui interpelle le roi en lui rappelant qu’il existe des valeurs au-dessus de son pouvoir. Les commentaires ont remarqué que, chaque fois que les rois ont accepté d’être interpelés par les prophètes, le pays a prospéré. À l’inverse lorsque les rois ont persécuté les prophètes qui les contestaient, le pays a décliné.
Tout au long de son mandat, le président Trump n’a cessé de critiquer la presse, ne supportant pas la façon dont elle opposait la vérité des faits à ses discours. La présence d’une presse libre et indépendante est la marque d’une démocratie vivante.
L’interruption du discours du président de la République est paradoxalement la preuve que les États-Unis restent une démocratie, une grande démocratie !