La subsidiarité, un principe biblique

Dans le Réforme de cette semaine, l’éditorial portait sur la subsidiarité à l’occasion des élections européennes. Je le retranscrits ci-dessous.

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L’élection du parlement européen est l’occasion de se pencher sur les grands principes qui organisent l’Union européenne. Parmi ces derniers se trouve la subsidiarité qui entre en résonance avec le message biblique.

Nous en trouvons une première évocation dans le livre de l’Exode. Avant de prendre la tête du peuple pour sortir d’Égypte, Moïse a confié sa femme et ses enfants à Jéthro, son beau-père qui était prêtre dans le pays de Madian. Une fois que le peuple a été installé dans le désert, Jéthro a rendu visite à son gendre en lui ramenant les siens. En posant un regard neuf sur l’organisation du peuple et il a observé une mauvaise répartition des tâches, car Moïse était seul à rendre la justice. Il lui a suggéré de nommer des juges pour les affaires courantes afin de ne faire remonter jusqu’à lui que les situations les plus difficiles (Ex 18,13-23). À ne pas déléguer, Moïse s’épuisait et les hommes du peuple attendaient trop longtemps pour voir leurs litiges tranchés.

Le principe de subsidiarité suppose une construction politique qui part de la base de la société et qui laisse les corps intermédiaires – familles, associations, quartiers, syndicats… – occuper toute leur place. L’État subsidiaire favorise les prises de responsabilité aux échelons où les problèmes peuvent être résolus. Il se distingue de l’État providence qui a vocation à prendre en charge tous les besoins de la société en déresponsabilisant les instances intermédiaires. Le principe de subsidiarité met en valeur la liberté et la dignité de la personne en honorant son besoin de participation. Il favorise l’exercice de la responsabilité individuelle et associative et appelle la société civile à jouer pleinement son rôle.

Dans les évangiles, les paraboles présentent souvent Dieu sous les traits d’un roi ou d’un maître qui est parti en voyage et qui a confié la gestion de son domaine à ses serviteurs. Ce retrait n’est pas un renoncement, mais une invitation à la responsabilité de l’humain afin qu’il occupe toute sa place et qu’il prenne toutes ses responsabilités dans la marche du monde.

Aristote définissait le citoyen comme un individu qui trouvait son humanité dans la participation à la vie de la cité, parce que capable de privilégier le bien commun sur ses intérêts particuliers. La subsidiarité suppose et suscite la responsabilité et la solidarité, elle est un des principes bibliques de la vie en collectivité.