Le retour de l’État dans l’économie

L’initiative de l’administration américaine qui tente d’harmoniser un impôt minimum sur les sociétés témoigne d’un retour de l’État dans l’économie. Pour l’entendre, il faut prendre un peu de recul.

Nous trouvons dans les premiers livres du Premier Testament un certain nombre de récits qui sont en faveur de la liberté d’entreprendre et d’une économie de marché, mais cette dernière est régulée par certaines lois. La plus importante d’entre elles, est la loi qui veut que tous les cinquante ans, il y ait un retour des terres à leur propriétaire d’origine. Les commentaires sont partagés pour savoir si elle a été appliquée, mais le plus important est le principe qu’il y a derrière : celle prescription lutte contre l’accumulation du capital entre un nombre de plus en plus restreint de personnes, mécanisme qui a été analysé et dénoncé par Marx.

Pour lutter contre la concentration du capital, les États-Unis se sont dotés à la fin du XIXe siècle d’une loi antitrust permettant à la puissance publique de lutter contre les monopoles, c’est arrivé notamment dans les domaines cruciaux de l’énergie (Standart Oil en 1911) et des communications (AT&T en 1974). Ces mesures ont été prises au nom de l’économie de marché, pour maintenir une saine concurrence entre les entreprises.

Depuis une quarantaine d’années, la mondialisation fait que les entreprises se délocalisent facilement pour échapper aux contraintes imposées par les États. En outre, les pays sont entrés dans une concurrence fiscale en baissant les impôts pour attirer les sièges de ces entreprises chez eux. Nous sommes arrivés à ce paradoxe que les entreprises les plus riches payent en général moins d’impôts que les petites.

Puisque l’économie est mondialisée, il faut une autorité mondiale pour la réguler. Nous pouvons entendre la nouvelle politique de l’administration Biden comme une tentative de remettre de la loi dans l’économie au profit du bien commun.

Les lois bibliques du jubilé évoquaient des cycles de cinquante ans, peut-être assistons-nous à un retour de balancier ?