Le sabbat, un marqueur identitaire et une discipline spirituelle

Dans cette nouvelle série, je voudrais faire partager quelques perles bibliques que je glane au fil de mes lectures.

Ce n’est que ces derniers temps que j’ai pris conscience de l’importance du sabbat dans la Bible. C’est le commandement qui est répété le plus grand nombre de fois dans le livre de l’Exode puisqu’il est donné au moment de la manne (16.23), dans les Dix paroles (20.8), en lien avec les années sabbatiques (23.12), au moment du renouvellement de l’alliance (34.21) et une dernière fois après le retour de Moïse au camp (35.2). Le livre des Chroniques dit que le peuple a été envoyé en exil parce qu’il n’a pas respecté le sabbat de la terre (2 Ch 36.21).

La première apparition du sabbat se situe le septième jour du premier récit de création. Le texte dit : Dieu bénit le septième jour et en fit un jour sacré, car en ce jour Dieu se reposa de tout le travail qu’il avait fait en créant (Gn 2.3). Les sages se sont posé une question : Si Dieu avait sept jours à sa disposition pour créer le monde, pourquoi s’est-il dépêché de tout faire en six ? Ils ont répondu que le septième jour, Dieu a encore créé quelque chose : il a créé le repos. Ce commentaire nous rappelle que le sabbat n’est pas l’absence de travail, c’est une œuvre de création. Ce n’est pas un simple arrêt parce qu’il faut de temps en temps permettre à la machine de récupérer pour être plus efficace, c’est une prise de distance pour nous aider à penser ce qu’on vit, à donner du sens à son existence.

L’idéologie de notre monde est comme un gaz incolore, inodore et sans saveur, on l’inhale sans s’en apercevoir. Progressivement, on se laisse façonner par la pensée dominante qui nous fait croire que la valeur d’un individu est proportionnelle à sa surface financière, à la notoriété de son travail, à la qualité de son carnet d’adresses et au nombre de personnes qui le reconnaissent. La Bible répond avec le commandement du sabbat, car il faut du temps pour remettre les choses à leur juste place. Comme le disait le rabbin Joseph Telushkin : « Ce qui fonde la théologie du Sabbat, c’est la notion révolutionnaire que l’être humain est digne de considération, même lorsqu’il ne travaille pas, ne produit rien. »

Le commandement du sabbat est le devoir de s’arrêter pour ne jamais oublier de réenraciner son histoire dans le terreau de l’Évangile.