Une semaine par an, les Églises sont appelées à prier pour l’unité. Cette semaine est l’occasion de réfléchir aux différentes compréhensions de l’œcuménisme.
L’œcuménisme théologique
Celui-ci a pu commencer de façon officielle à partir de Vatican II, lorsque les protestants ont été reconnus par les catholiques comme des frères en Christ avec leurs différences, et non plus comme des brebis égarées qui devaient retrouver le chemin de la vraie Église.
Dans le troisième tiers du XXe siècle, un énorme travail a été fait pour mieux se connaître entre protestants et catholiques, faire tomber les fausses différences, et pointer les vrais lieux de conversion. Ce travail a trouvé un certain aboutissement avec la signature de la déclaration commune sur la justification par la foi (1999).
Une fois les vraies et fausses divergences mises en lumière, que faire de ces différences ? Une fois qu’on s’est mis d’accord sur ses désaccords, que faire de ces derniers ? On ne peut demander à aucune Église de renoncer à sa particularité sans se renier. L’œcuménisme peut alors prendre deux directions.
L’œcuménisme de l’hospitalité
L’œcuménisme de l’hospitalité est une démarche spirituelle qui prend en compte les différences entre les dénominations et qui cherche non pas à nier, mais à accueillir, et pourquoi pas aimer, ce qui fonde ces différences.
L’objectif de cet œcuménisme est d’arriver à l’hospitalité eucharistique. Dans cette expression, le mot important est celui d’hospitalité. Il n’est pas question de faire de l’intercommunion en déclarant que le différend entre catholiques et protestants sur l’eucharistie serait résolu : il est en effet irréductible et ce n’est pas plus mal, car les différences peuvent aussi être des richesses. Il s’agit simplement de reconnaître que cette différence n’empêche pas l’hospitalité : « Toi qui es différent et qui ne penses pas comme moi, veux-tu néanmoins partager avec moi le repas du Seigneur ? »
Le risque de cette approche est de se trouver enrichi comme le rappelle l’épître aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité : il en est qui, en l’exerçant, ont à leur insu logé des anges[1]. »
L’œcuménisme de l’objection
Une troisième compréhension est l’œcuménisme de l’objection, ou de la dispute théologique. Il ne s’agit pas seulement d’accueillir les différences, mais de demander à chacun de formuler les objections qu’il adresse à l’autre Église. Comme l’écrivait Paul Ricœur, « Le maximum de ce que j’ai à demander à autrui, ce n’est pas d’adhérer à ce que je crois vrai, mais de donner ses meilleurs arguments. » L’œcuménisme de l’objection repose sur l’idée que chaque Église permet à l’autre d’éviter de tomber du côté où elle penche. Pour prendre l’exemple du dialogue entre catholiques et protestants, le protestantisme peut aider l’Église catholique à se préserver d’un absolutisme qui la menace, et le catholicisme rappelle au protestantisme que la théologie a une histoire et que l’Église est universelle. Au sein du protestantisme, les églises magistérielle peuvent rappeler aux églises évangéliques qu’il n’est pas interdit de cultiver une intelligence de la foi, et les évangéliques peuvent rappeler aux luthéro-réformés l’importance de l’appel à la conversion et du témoignage personnel.
Dans cette perspective, la division entre les Églises est une richesse, d’autant que l’histoire nous apprend que, chaque fois qu’une Église a été en situation hégémonique, elle s’est pervertie. Cette loi ne connaît aucune exception !
[1] Hé 13.2.