Le défi de la persévérance : Le dur désir de durer

Les jours s’ajoutent aux jours, les semaines aux semaines, et le confinement toujours. Je sens autour de moi la lassitude grandir. Il est dur de durer !

Pour nous encourager, une parabole. Une femme téléphone au directeur d’une salle de concert pour lui dire que la veille, elle avait assisté à un spectacle et qu’elle avait perdu une broche d’une grande valeur. Le directeur répond qu’on ne lui a rien signalé, mais qu’il allait vérifier. Il lui demande de patienter. Il parcourt toutes les allées de la salle et finit par trouver la broche. Il prend le téléphone pour annoncer la bonne nouvelle à son interlocutrice, mais cette dernière a raccroché. Elle n’a pas eu la patience d’attendre et n’a jamais rappelé. La broche est restée au théâtre… en déshérence.

Comment pourrions connaître toutes les occasions que nous avons ratées, tous les trésors à côté desquels nous sommes passés, parce que nous avons manqué de persévérance ? Notre histoire est parsemée de bonnes résolutions que nous avons prises… et que nous avons oubliées.

À propos de cette vertu, saint Bernard a écrit aux moines de Clairvaux : « Que me reste-t-il à faire, ô mes bien aimés, sinon à vous exhorter la persévérance ? C’est la vertu qui couronne toutes les autres et qui est comme la marque des héros. Sans elle, point de victoire pour celui qui combat, point de triomphe pour celui qui remporte la victoire… Sœur de la patience et fille de la constance, elle est l’amie de la paix, le ciment de l’amitié, le lien de la concorde, le rempart de la sainteté. »

Le défi de la persévérance est une image de la foi. Pour en parler, l’apôtre Paul utilise souvent la métaphore sportive. De même qu’un sportif de haut niveau doit s’imposer un entraînement rigoureux pour rester compétitif, le chrétien devrait déployer la même rigueur pour progresser dans la foi. Cette image nous rappelle que le monde ne se sépare pas entre ceux qui ont la foi et ceux qui ne l’ont pas, mais entre ceux qui marchent, qui avancent, qui persévèrent et ceux qui restent statiques, qui vivent sur leurs acquis, qui sont enfermés dans leurs habitudes. À la fin de sa vie, l’apôtre témoigne : « J’ai mené le beau combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. »

Ce n’était que ça, le but de sa course : garder la foi ? Jules Renard a écrit qu’il était plus difficile d’être un honnête homme huit jours qu’un héros un quart d’heure. Pour l’apôtre, le vrai héros est celui qui sait conserver, jusqu’au bout, une foi vivante. Heureux celui qui, au soir de sa vie, peut relire son passé et dire : « J’ai vécu des victoires et des défaites, j’ai connu des jours heureux et des jours sombres, j’ai traversé des vallées verdoyantes et des déserts redoutables, je suis maintenant arrivé au terme de ma route et… j’ai gardé la foi. » Celui-là m’émeut, il est pour moi un maître spirituel.