Il y a un certain paradoxe à célébrer le 1er mai en période de confinement. Comment célébrer la fête du Travail alors qu’on est empêché de travailler ?
Cela nous amène à réfléchir à notre relation au travail. Si en français le mot travail vient du latin tripalium qui était un instrument de torture, en hébreu il y a deux mots différents pour évoquer le travail. Melakah qui évoque le travail comme vocation et comme participation à l’œuvre de création ; et avodah qui renvoie à la servitude, au travail comme fardeau.
Lorsque Dieu place l’humain dans le jardin pour le garder et le cultiver, il parle du travail comme vocation. Lorsque dans la conséquence de la rupture avec Dieu, il est dit que c’est à la sueur de son front que l’homme tirera sa nourriture de la terre, le récit parle du travail comme servitude.
Trop souvent, on a le sentiment que l’idéal serait de vivre sans travailler. Demandons aux chômeurs et à ceux qui vivent mal le confinement ce qu’ils en pensent. S’il y a un sens à la fête du Travail, ce n’est pas l’abolition du travail, mais d’être libéré du travail-servitude pour cultiver le travail-vocation.
L’idéal, ce n’est pas de ne pas travailler, c’est d’avoir un travail épanouissant.
Dans les classements internationaux, la France se distingue des autres pays par un plus petit nombre d’heures travaillées compensées par une productivité élevée. En d’autres termes, on travaille moins que les autres en quantité d’heures, mais plus durement.
Le message que nous transmet la Bible n’est pas la réduction du temps de travail – elle évoque un rythme de six jours de travail pour un jour de repos – mais la lutte contre sa pénibilité.
La vraie célébration du travail ne consisterait pas à réduire le nombre d’heures travaillées, mais à accroître la qualité et l’intérêt du travail du plus grand nombre.