En 2015, le pape François publiait l’encyclique Laudato si sur la sauvegarde de la maison commune. Pour les cinq ans de cette publication, l’Église catholique propose une année d’approfondissement de ce texte. J’ignore si les instances catholiques ont invité la fédération protestante à s’associer à ce projet, mais je trouverais important de lui donner une dimension œcuménique pour trois raisons.
La première est « le monde d’après » dans lequel nous entrons. De ce monde, on en a beaucoup parlé pendant le temps du confinement, et le danger qui nous guette est celui du « toujours plus de la même chose ». Pour résoudre la crise économique générée par l’arrêt des entreprises, la tentation est d’appliquer les recettes du monde d’avant et de proposer plus de croissance, plus de production, plus de consommation… toujours plus. Dans son document le pape a déclaré : « Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties. » Décroissance : pour certains, le gros mot est lâché. Parmi les urgences qui s’imposent à notre temps, nous devons repenser notre système économique à partir du critère de la justice vis-à-vis des plus pauvres et de nos enfants.
La seconde raison est que s’il est un domaine où la réflexion peut se conduire à un niveau œcuménique, c’est bien celui-là. J’ai relu Laudato si, il n’y a pas une ligne qui agacerait une oreille protestante. Un slogan de l’œcuménisme est que nous sommes appelés à faire ensemble tout ce que nous ne sommes pas obligés de faire séparément. L’appel à la gratitude, à la conversion personnelle et au respect du petit qui traverse le texte n’est pas plus catholique que protestant, c’est un appel qui vient du Nouveau Testament !
Enfin nous avons besoin de la mobilisation de toutes les intelligences pour penser la justice climatique. En même temps que Laudato si, on peut lire le Plaidoyer pour une transformation écologique, solidaire et démocratique, envoyé au Président de la République par la Fédération protestante le 21 avril 2020, ainsi que le numéro spécial de Réforme sur Jacques Ellul. Les scientifiques disent qu’il nous reste une décennie pour agir, les Églises se doivent d’apporter leur contribution à ce chantier.