Les commentaires interprètent la vague verte des élections municipales comme une conséquence de l’épidémie que nous venons de vivre et comme une prise de conscience de l’urgence climatique. Beaucoup ont parlé de conversion écologique.
Comme le mot conversion appartient au vocabulaire religieux, il vaut la peine de s’y arrêter pour voir ce qu’il induit. En grec, le mot employé pour évoquer la conversion est metanoia qui signifie étymologiquement changement de pensée. Nous trouvons cette compréhension au chapitre 12 de l’épître aux Romains, lorsque Paul écrit : Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence » (Rm 12.2). La conversion relève d’une nouvelle intelligence, une façon différente de voir les choses. Nous savons qu’il existe plusieurs formes d’intelligence : l’intelligence des mathématiques, des langues étrangères, des relations humaines, de la musique… À toutes ces intelligences, Paul ajoute l’intelligence spirituelle, ou intelligence de la grâce qui consiste à voir le monde comme Dieu le voit et à agir comme Dieu le veut.
Dans la Bible, nous trouvons deux types de conversions. Celles qui sont éphémères et celles qui sont durables. Les premières sont souvent une réponse à la peur alors que les secondes sont le fruit d’une transformation profonde de sa façon de penser et d’agir. Dans les traductions modernes, le mot est parfois rendu par changement de comportement.
Pour revenir à la conversion écologique de nombreux électeurs, nous pouvons appliquer cette grille de lecture. S’il ne s’agit que d’une simple réaction de peur suite à l’épidémie que nous traversons, elle risque d’être éphémère et inutile. La vraie conversion est celle qui ne se contente pas de mettre un bulletin vert dans une urne, ou de réclamer des politiques qu’ils verdissent leur programme, mais c’est une prise de conscience qui induit un changement de comportement dans sa façon d’acheter et de consommer.