Je sens la colère monter en moi chaque fois que j’entends le spot publicitaire qui m’invite à participer à la privatisation de la Française des jeux en plaçant mon argent « dans une entreprise performante, en croissance et utile à tous avec trois milliards et demi versés chaque année à la collectivité. »
L’enjeu de la privatisation est qu’en plus des trois milliards et demi d’euros versés dans les caisses de l’État, l’entreprise génère des bénéfices pour les actionnaires.
D’où vient cet argent ? De la différence entre les sommes misées dans les jeux d’argent et les sommes gagnées. La publicité nous annonce que l’entreprise est en croissance, ce qui signifie que les gens qui jouent sont de plus en plus nombreux et jouent de plus en plus souvent.
Le problème est que statistiquement, plus on joue, plus on est sûr de perdre. Ça a été démontré par Emile Borel, un mathématicien qui a formulé le « théorème de la ruine du joueur ». Sur le court terme, on peut, rarement certes, mais on peut gagner ; en revanche sur le long terme, on est sûr de perdre… sinon la Française des jeux ne gagnerait pas d’argent !
On peut appliquer au jeu d’argent ce que Marx disait de la religion pervertie, c’est un opium. Il peut soulager momentanément, mais il pervertit en profondeur. En termes théologiques, il a toutes les caractéristiques d’une idole : il séduit, mais il n’a aucune consistance et il joue sur l’illusion.
Qui joue dans les jeux d’argent ? Statistiquement les pauvres. Les riches préfèrent jouer en bourse, ce qui, jusqu’à nos jours, a toujours été bien plus rentable sur le long terme.
Que nous annonce cette privatisation ? Les pauvres vont s’appauvrir en jouant de plus en plus, et les riches vont s’enrichir en achetant des actions de la Française des jeux.
Je laisse à chacun la liberté de juger de l’éthique de cette privatisation !