Il y a un mois, Réforme faisait paraître dans son courrier des lecteurs une lettre qui interrogeait l’augmentation du délai de recours à l’IVG de 12 à 14 semaines. Il s’appuyait sur une interview du professeur Israël Nisand disant qu’entre 12 et 14 semaines, le fœtus s’était développé au point que la technique médicale était plus lourde. Une simple aspiration ne suffit pas, il faut parfois démembrer le fœtus avant de l’expulser.
Suite à cette lettre, il a reçu des réactions haineuses de la part de pasteurs. L’accusation de sacrilège souligne que pour certains l’avortement est considéré comme une cause sacrée, intouchable. Est-il permis de complexifier le débat ?
Lors du débat sur la loi Veil, le professeur André Dumas avait porté la parole du protestantisme en disant que l’avortement était un mal, mais que parfois ce pouvait être un moindre mal. La question posée est de celle de la limite, à partir de quel moment le mal n’est plus un moindre mal ?
J’entends que certaines femmes mettent du temps à trouver les structures pour avorter, mais alors ce sont les structures qu’il faut multiplier et non le délai.
J’entends aussi que certaines femmes font un déni de grossesse et mette du temps à accepter leur état. Il est vrai que le rapport au désir ou au refus d’enfant est complexe, parfois l’inconscient s’amuse à nous jouer des tours. Certaines femmes s’aperçoivent qu’elles attendent un enfant le lendemain du délai actuel des douze semaines, mais je suis prêt à parier que demain la même prise de conscience se fera chez certaines d’entre elles le lendemain du délai de quatorze semaines.
J’entends enfin que le droit à l’avortement est en régression dans plusieurs pays. Est-ce qu’on défend mieux les acquis en étendant le délai ? J’ai peur qu’au contraire on donne plus d’arguments à ceux qui assimilent l’avortement à un infanticide.
Ce qui me surprend plus que tout, c’est que tous les députés de gauche ont voté pour la nouvelle loi. Ne s’est-il pas trouvé un seul député qui entendrait les arguments du professeur Nisand qui s’oppose à cette extension ? J’ai appris à me méfier des unanimités car elles cachent un manque de débats. Les questions d’éthique médicale méritent de sortir des clivages politiques.
Je trouve que le débat de la limite (12, 14, 16… semaines) est intéressant, il mérite mieux des prises de position partisanes et trop souvent idéologiques.
Est-ce que la commission d’éthique de la Fédération protestante ne pourrait nous proposer des éléments de réflexion comme elle l’a fait sur d’autres sujets ?