Certains ont une théologie de la croix. Le cœur du message chrétien est que le Christ est entré dans notre monde pour partager et habiter ses souffrances et ses combats. Il se tient de façon privilégiée auprès de ceux qui ont le cœur brisé. On la retrouve dans la citation de Paul Claudel : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. »
D’autres ont une théologie de la résurrection. La grande nouvelle du christianisme est que le Christ a vaincu la mort et que nous n’avons plus besoin d’avoir peur, car il nous entraîne dans sa victoire. C’est le cri de l’apôtre : « Je suis persuadé que ni mort, ni vie, ni anges, ni principats, ni présent, ni avenir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre création ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. » (Rm 38-39)
D’autres enfin ont une théologie de la Pentecôte. Le Christ a envoyé son Esprit à ses disciples pour qu’ils soient ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Nous en trouvons une illustration dans cette citation d’un mystique rhénan : « Notre Dieu n’a pas de mains, il n’a que nos mains pour construire le monde d’aujourd’hui. Notre Dieu n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds pour conduire les hommes sur son chemin. Notre Dieu n’a pas de voix, il n’a que nos voix pour parler de lui aux hommes. »
Ces trois théologies ne sont pas contradictoires, et selon les temps, nous serons plus ou moins sensibles à l’une ou l’autre. Aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre, je voudrais en ajouter une quatrième : la théologie du samedi saint.
Le samedi saint se situe entre la croix et la résurrection, c’est un jour étrange dans nos calendriers liturgiques. Le Christ n’est plus avec ses disciples, et il n’est pas encore ressuscité. C’est le jour du silence, des questions, un jour d’attente, un jour humble où l’on reconnaît que l’on n’a pas toutes les réponses. C’est la foi du père de l’enfant malade qui crie à Jésus : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9.24). La citation que l’on peut associer à ce jour vient de François Mauriac : « Dans le doute, il faut choisir d’être fidèle. »
La théologie du samedi saint ne vient pas contredire les trois autres, elle les enrichit en y apportant les lourdeurs de notre humanité.