Dans un article de début de confinement, j’avais écrit qu’on pouvait faire de ce temps particulier « une occasion de désert en laissant une place au silence intérieur, à la méditation, à la lucidité[1]. »
Huit semaines plus tard, qu’avons-nous vécu ? Quand je pense à la trentaine de familles avec qui j’ai été en contact ces dernières semaines, l’immense majorité d’entre elles l’ont vécu positivement, comme un temps à part qui permet de redécouvrir la joie des relations courtes, des activités manuelles, du temps consacré à la lecture et à la conversation téléphonique.
Si je prends mon cas personnel, j’ai eu une rencontre quotidienne d’une quinzaine de minutes avec mes petits-enfants par Skype, ce qui m’a permis de les voir comme je ne les avais jamais vus, et de mieux les connaître.
Maintenant que nous sortons de ce temps, quelle leçon allons-nous en tirer ? Allons-nous en faire une simple parenthèse et tout recommencer comme avant, ou allons-nous faire fructifier ce qui a été vécu ?
Lorsque j’anime des retraites spirituelles, la même question se pose souvent à l’heure de la séparation : comment continuer ? Comment éviter que la quête de l’essentiel se dissolve dans la banalité du quotidien ?
Dans son dépliant de présentation, l’Église protestante unie pose dans ses croyances de base l’affirmation suivante : « La vie bonne est une vie sobre. » Et de commenter en défendant les valeurs de partage et de sobriété, contre la fascination des dépenses ostentatoires. Le paragraphe se conclut en disant que la vie sobre revenait aussi à « garder sur nos possessions, nos réussites et nos échecs, cette petite distance bienfaisante qu’on appelle l’humour. »
Un apologue raconte l’histoire d’un roi qui promet une belle récompense à celui qui lui fera le meilleur repas. Les plus grands cuisiniers du royaume se présentent pour préparer les plats les plus raffinés, mais le roi est blasé par une nourriture à laquelle il est habitué. C’est alors qu’un berger lui propose de l’accompagner. Ils passent la journée à parcourir les collines pour surveiller les troupeaux et le soir, le berger invite son hôte dans sa cabane pour partager une omelette aux champignons. Le roi n’a jamais rien mangé de si bon.
Nous savons que cette histoire est vraie. Que nous sachions la faire nôtre !
[1] https://leblogdantoinenouis.fr/covid-19/le-confinement-et-le-desert/