Un interlocuteur m’a posé cette question qui est une bonne question.
Certains répondent : Oui, car Dieu est tout puissant et il a envoyé le virus comme marque de son jugement, ou pour appeler les humains à se tourner vers lui.
D’autres répondent : Non, car Dieu est amour et l’amour ne peut envoyer la maladie et la mort.
Le problème est qu’on peut trouver dans la Bible, des passages qui contredisent ces deux affirmations.
Alors ma réponse est : Je n’en sais rien. Je ne sais pas tout de Dieu. Il ne m’a pas envoyé de révélation particulière sur ce sujet et je me garderai bien de parler à sa place.
Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas donner de réponse définitive qu’on ne peut rien dire. Je me propose d’écrire dans mon blog une série d’articles qui évoquent plusieurs passages bibliques qui éclairent différents aspects de la question et apportent un éventail de réponses.
Le premier nom qui vient à l’esprit est celui de Job dont le livre se présente sous la forme d’un conte oriental.
L’histoire est la suivante : Job est un homme à qui tout réussit : il est en bonne santé, il a une grande famille, une belle fortune, et c’est un homme de foi : il rend grâce à Dieu. Lors d’une conversation avec son ennemi le Satan, Dieu fait l’éloge de son serviteur, mais son interlocuteur lui répond : « Tu as vu comme tu l’as béni ? Retire-lui ses biens et tu verras s’il continuera à te louer. » Dieu est coincé. La seule façon de répondre à son adversaire est d’éprouver la foi de Job. Job perd sa fortune, ses enfants, sa santé et devient cet homme que l’iconographie dépeint sur son tas de fumier en train de gratter ses croûtes avec un tesson.
Job a tout perdu… il lui reste trois amis qui font le voyage pour visiter leur ami qui est dans l’épreuve. Après avoir respecté un temps de silence, les amis vont chercher une explication au mal qui rentre dans notre logique humaine. Bien sûr ils vont se tromper, car comment pourraient-ils imaginer que l’épreuve de leur ami est le fruit d’un pari idiot entre Dieu et le diable ?
Pendant 35 chapitres Job et ses amis se disputent sur l’origine du mal, et pendant 35 chapitres, Dieu se tait. Quand il sort de son silence, il prend Job par la main et il l’emmène faire… une visite de la création. Il lui parle géographie en évoquant le parcours des vents, la limite des océans et l’origine de la pluie. Puis il aborde la zoologie en racontant la progéniture des bouquetins, la bêtise de l’autruche et la vaillance du cheval. Il poursuit avec la mythologie en évoquant deux monstres, le Béhémoth et le Léviathan, parfois comparés à l’hippopotame qui est une brute épaisse et au crocodile qu’on ne peut pêcher avec un hameçon.
Cette réponse est une non-réponse, car on ne voit pas le rapport entre le parcours des étoiles, le vol des éperviers, l’invincibilité du crocodile et l’origine du mal. À notre grand étonnement, cette non-réponse a parlé à Job qui confesse : « Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu[1]. »
Le message du livre de Job est qu’il est des questions dont nous n’avons pas la réponse, à l’image de celle qui est posée dans le titre de cet article. Devant cette non-réponse, nous sommes invités à déplacer notre raisonnement et à nous poser une autre question : Au-delà du Covid-19, suis-je encore capable de m’émerveiller devant l’incroyable prodigalité du monde ?
[1] Jb 42.5.