Deux réactions à l’allocution du président Macron.
La répétition de la formule : Nous sommes en guerre. Pour l’instant, c’est plutôt le calme avant la bataille. Hier, un médecin qui travaille dans un centre de santé et qui a une consultation à l’hôpital en région parisienne me disait que l’activité était plutôt calme, car on a repoussé toutes les activités non urgentes pour être prêts et que le gros de la tempête n’est pas encore arrivé, à la différence d’autres régions.
Cette situation me rappelle une allégorie que raconte Kierkegaard dans un de ses livres. Soit un paquebot qui fait une croisière. Le capitaine est sur le pont et observe l’horizon : il aperçoit une tache blanche à l’horizon qui annonce la tempête. À l’étage au-dessous les voyageurs dînent, les bouchons de champagne sautent et l’orchestre joue. On appelle le capitaine pour qu’il trinque avec les voyageurs, mais il ne vient pas : il sait que la nuit sera terrible et qu’il doit préparer son équipage à affronter la tempête.
la seconde réaction est l’éloge appuyé des médecins, infirmières, personnels de santé. Ce sont eux les combattants de cette guerre. Sur la figure du soignant, ces quelques lignes de Michel Serres.
« Si le mal, c’est-à-dire la violence, est le propre des groupes, la maladie et le soin construisent le propre de l’homme. Par sa faiblesse et le fait qu’il obtienne d’être pansé, le malade est un personnage emblématique, décisif : rare, faible, mourant même, mais producteur d’humanité. La publicité de la violence produit le public ; la pitié envers le malade produit le sapiens. Par la présence et l’attention d’un autre humain : le ou la médecin, devenu enfin le héros de notre ère. »
Ensuite le philosophe propose un commentaire de la parabole du bon Samaritain qui se termine ainsi : « Tout blessé aurait vite disparu de la surface de la Terre si ne s’était levé, tout aussi originaire que lui, un second personnage : le médecin. Celle qui se penche sur le blessé ; celui qui écoute les plaintes de l’angoisse ; celle qui s’incline ; l’attentive qui cherche à comprendre et qui peut-être guérira… Il ou elle n’est pas seulement le héros de ce temps, mais sans doute celle et celui de toute l’histoire. »